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JEUX D ECRITURE

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27 mars 2007

REVE DU MATIN

Nous étions en famille à table. C'était un repas de fête avec la belle-famille d'Hélène. Tout à coup, papa a été pris d'un malaise et je l'ai vu allongé sur des chaises le visage crispé de douleur, les yeux révulsés. Tout le monde a cru qu'il était en train de mourir. Je me suis approchée, maman était déjà près de lui avec d'autres personnes et lui donnait des petites tapes sur les joues pour le faire revenir à lui. Ma soeur qui était petite dans le rêve, lui pinçait le nez... et moi, je lui ai crié :
- Papa ! on est là, parle-nous, dis-nous ce qui ce passe ! dis-nous ! parle-nous !
et on a vu les yeux de papa revenir normaux, il a fait un clin d'oeil, et il s'est endormi.
Plus tard, je suis allée dans la chambre où il se reposait et j'allai lui dire :
- Tu sais papa, je crois qu'on va boire un peu moins à partir de maintenant.
Car je pensais que son malaise était dû à des excès de table.

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27 février 2007

COMME UN CARGO

Divorce à 48 ans, cancer à 52 ans, turbulences du milieu de la vie comme tempête au milieu d'une traversée.
J'étais comme un cargo aux cales remplies de marchandises stockées dans des caisses, de bidons et containers.
Le chargement, à quai, s'était fait  comme ça, au fil du temps et des arrivages. La seule idée était de tout faire entrer dans la cale.
Puis le cargo a quitté le port pour la haute mer. Et là, on s'est aperçu que les charges étaient inégalement réparties dans la cale. Tantôt le cargo prenait de la gîte sur tribord, tantôt sur babord et les machines devaient fournir un effort supplémentaire pour compenser ce roulis inhabituel.
Mais, mile après mile, le cargo traçait vaillamment sa route. Si on lui demandait pourquoi il avait une telle gite parfois, le capitaine répondait : c'est pour amuser l'équipage, ou, c'est pour pêcher à la ligne.
Et puis le grain est arrivé, plus qu'un grain, une vraie tempête d'atlantique, grand vent, grosse mer.
A cause de son fret mal réparti, le cargo s'est mis à tanguer violemment de babord sur tribord. A tel point que les bidons, caisses et containers se sont brisés, les marchandises se sont mélangées et réparties également à fond de cale. Le plus lourd avait écrasé le plus léger et tant bien que mal les poids se sont équilibrés au fond du bâteau. Le cargo ayant retrouvé un équilibre a mieux réagi aux vagues, ses machines fatiguant moins ont pu fonctionner efficacement et lui redonner de la vitesse, il est donc devenu plus manoeuvrant.
L'équipage soulagé s'est vu sauvé d'un naufrage qui paraissait certain... mais le capitaine pensait aux armateurs...comment décharger une marchandise éparpillée, mélangée parfois brisée.
Alors une fois le calme revenu sur l'océan, l'équipage est descendu au fond de la cale, il a trié les objets, jetant par-dessus bord ceux qui étaient trop endommagés pour être encore utiles, classant les autres par sorte, les rangeant selon leur poids et densité de façon à maintenir l'équilibre du bâteau, arrimant solidement les bidons pour qu'ils roulent plus commes des insensés à la moindre houle.
Et le capitaine satisfait de savoir sa cargaison en ordre, l'équipage rassuré de sentir le cargo stable et réactif, la traversée a pu se terminer en affrontant d'autres tempêtes mais dans de meilleurs conditions et plus personne ne s'est plus senti en danger sur ce cargo.

19 février 2007

Petite fille, petit matin !

Dans la maison de ma grand-mère, il y avait 4 chambres : celle de ma grand-mère près de l'entrée, celle de ma tante en haut à gauche, celle des enfants en haut à droite et celle de mes parents qui communiquait à la fois avec celle des enfants et avec celle de ma tante.
La chambre des enfants a souvent été appelée "le dortoir" car, qu'elle ait été meublée de lits superposés ou de lits côte à côte, elle a toujours contenu essentiellement des lits et des enfants - entre trois et cinq (les bonnes années).
La maison avait été partiellement détruite pendant la guerre et, bien entendu, reconstruite à l'économie grâce aux "dommages de guerre" qui ne devaient pas être bien gras puisque le plafond de la salle à manger était composé des mêmes planches de ce qui étaient le plancher des chambres de l'étage.
Aujourd'hui, on dirait que c'est intolérable ! comment vivre avec un tel défaut d'insonorisation ! comment voulez-vous que les enfants s'endorment s'ils entendent le bruit que font les adultes en bas ! etc !
En fait, ça nous a permis d'entendre un certain nombre d'histoires dôles racontées par les oncles et qui n'étaient pas du tout pour nos oreilles... notamment l'histoire de la vieille dame qui va au zoo avec son petit fils et lorsqu'ils sont devant l'éléphant celui-ci montre par l'organe qu'il a entre les pattes arrières qu'il est très en  forme. Le petit-fils curieux veut savoir ce que c'est que cette chose extraordinaire, et il interroge sa grand-mère à plusieurs reprises : "Dis, mamie, c'est quoiqu'il a là ?" Imitation très convaincante de mon oncle prenant une voix de petit garçon. Puis autre imitation pour la réponse de la vieille dame très gênée  : "Mais, rien, mon petit, ce n'est rien du tout..." Et mon oncle reprend sa voix normale pour faire parler le gardien du zoo qui a tout entendu :"Oh! je vois, Madame est blasée !"
Elle nous a fait rigoler cette histoire, aux larmes... et on l'a raconté à nos copains qui ont aussi bien rigolé, et il m'arrive de la raconter encore - mais, aujourd'hui je sais pourquoi je ris.

Il est arrivé également qu'un pot de chambre renversé en haut par un enfant maladroit fasse gouter son contenu par une fissure entre deux planches du parquet/plafond tout près de la tasse de ma grand-mère qui prenait à ce moment son café.

Là tout le monde rigolait aussi, mais pour le faire ouvertement il fallait attendre que notre grand-mère ait cessé de râler et que le comique de la situation lui apparaisse aussi.

En fait, bruit ou pas bruit,  les enfants finissaient par s'endormir abrutis par les jeux aux grands airs. Et ils dormaient jusqu'à une heure normale d'enfants en vacances, allez on va dire autour de neuf heures. Sauf une, qui se réveillait avant tout le monde, on va dire entre 6 et 7 et à qui on avait appris à se lever sans faire de bruit et surtout à ne pas réveiller les autres.

Donc, je me levais sans faire de bruit, je m'habillais sans faire de bruit et j'allais me promener.

Toute seule, dehors c'est à dire sur la côte qui borde la rade de Lorient, en face de Port-Louis, du sable, des rochers, des dunes encore des rochers encore du sable.

J'aimais bien. C'était calme, pas un chat pas une personne (ou très peu). Parfois un chien qui venait me renifler et avec qui j'échangeai deux mots, puis on repartait chacun de son côté poursuivre sa ballade.

Lorsque la marée était basse, je trainais dans les rochers, je regardais pendant très longtemps la vie infime et rigolote de mares. J'adorais les anémones de mer toutes tentacules dehors. Je mettais mon doigt au milieu et c'était tout collant et rapeux à la fois... marrant ! J'essayais bien sûr d'attraper les crevettes à la main et bien sûr je n'y arrivais pas... lol trop malignes et trop rapides les petites ! En revanche, les crabes n'avaient que très peu de chances de m'échapper. Mon père avait appris à tout le monde - du moins à partir du moment où ce monde savait marcher  - comment prendre les crabes en saisissant la carapace par derrière les pinces entre le pouce et l'index. Comme ça, ils ne peuvent pas vous pincer !

Je m'amusais aussi à approcher le plus possible de l'eau au retrait de la vague, pour reculer vite fais pour ne pas me mouiller les pieds quand la suivante arrivait, c'était souvent la vague qui gagnai !

Et plein d'autres trucs très amusants que tous les enfants font quand ils sont seuls et qu'ils n'aiment pas forcément raconter même si c'était des trucs tout à fait permis comme regarder passer les nuages ou dessiner dans le sable.

 

Je rentrais, pour le petit déjeuner, je ne sais plus trop comment je savais l'heure - à cette époque pas de montre avant la communion solennelle... peut être que j'entendais les cloches de la sortie de la messe de 8 heure… sans doute car il m'arrivait de retrouver sur le chemin du retour ma grand-mère qui revenait de l'église. Je crois qu'on était contente de se trouver cette complicité entre lève-tôt.

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